Ce vendredi 8 novembre, Maryse Morin enseignante à l’Aïki-club de Saint Brieuc et Alain, pratiquant déficient visuel, ont mis à profit le cours d’aïkido pour réaliser une séance d’immersion dans le handicap visuel à l’aide de matériel de restriction de la vue.
Il s’agissait de permettre aux pratiquants présents d’expérimenter la déficience visuelle en utilisant des lunettes de simulation représentant des pathologies différentes et des masques de cécité.
Ces lunettes spéciales ont été prêtées par un opticien de Plérin, « Ecouter voir - opticiens mutualistes ».
Parmi les participants, il y avait deux pratiquants malvoyants.
Alain, 53 ans, est atteint d’une déficience visuelle et auditive évolutive. Il a une vision monoculaire avec un champ visuel très rétrécit conduisant à une vision dite tubulaire associée à une photophobie et une héméralopie, ainsi qu’une hypoacousie bilatérale appareillée. Ce problème visuel implique de grandes
difficultés quand il y a peu de lumière, ainsi que pour les déplacements en extérieur, notamment lors de passage de soleil à ombre et inversement, car l’acclimatation à la luminosité naturelle est trop lente. De même l’hypoacousie entraine des difficultés d’adaptation à l’environnement sonore.
Le cumul de ces handicaps génère une demande de concentration extrême difficile à maintenir dans le temps et entrainant une grande fatigabilité.
Alain a commencé l’aïkido il y a deux ans. En cherchant une activité physique pouvant être adaptée à son handicap il a découvert l’Aïki-club de Saint Brieuc. La proximité de son domicile facilitant ses déplacements l’a conduit à vouloir essayer l’aïkido sans conviction au départ.
Afin de ne pas avoir de regret et surtout de se conforter dans son choix il est allé aux séances d’essai. Il a changé d’avis en découvrant l’aïkido.
Depuis 2 ans, Alain pratique régulièrement avec les enseignants Bertrand Berthelo et Maryse Morin.
Il en ressent un certain bien-être moral, cela lui permet d’évacuer ses tensions accumulées au quotidien, ainsi que des bénéfices au niveau physique, notamment pour l’amélioration de la souplesse.
L’expérience de sensibilisation au handicap visuel, lui a semblé positive, entrainant une meilleure compréhension des pratiquants valides à ces handicaps.
Selon lui, les participants ont ressenti la perte de la vue comme dérangeante, pouvant générer un malaise cependant ils ont essayé de s’y adapter en le transformant en expérience positive.
Régis, 51 ans, est atteint d’une rétinite pigmentaire, d’une myopie et d’une cataracte bilatérale. Il a une vision centrale restreinte, une acuité de moins de 1/20ème et est gêné lorsqu’il y a trop de lumière directe du fait de la cataracte et lorsqu’il n’y en a pas assez du fait de sa rétinite pigmentaire.
Il compense énormément son handicap visuel grâce à son acuité auditive.
Il est venu à l’aïkido par le biais de son fils qui pratiquait à l’Aïkido-club de l’Ic à Pordic avec les enseignants Georges Rouxel et Jean Nicol.
Il se questionnait sur la faisabilité de pratiquer cet art martial du fait de son handicap. Il a été rassuré par les professeurs qui lui ont dit que c’était faisable et qu’il fallait essayer.
Ils ont su adapter leur enseignement et générer une passion qui l’a conduit continuer à pratiquer pendant dix ans, chaque mercredi.
L’aïkido lui apporte un mieux-être physique et mental en termes d’énergie, d’accomplissement et de diminution des douleurs. Il ressent de réels bénéfices dès la fin de chaque séance.
Il considère le Dojo comme un havre de paix car à l’aïkido il n’y pas de compétition avec autrui, la seule compétition existante est celle que l’on a avec soi-même. Il y a une sorte de quête de vérité car on ne doit pas utiliser la force lors de l’exécution des techniques, on ne peut pas tricher lorsqu’on recherche le geste juste, ce qui entraîne une remise en question permanente et que l’on ne tient rien pour acquis.
Son expérience de la sensibilisation au handicap visuel lui est apparu intéressante car les personnes valides rencontrent souvent des difficultés à se représenter son handicap. Il a éprouvé de l’admiration envers les pratiquants qui n’ont pas eu de réticence à s’immerger dans ce monde, car même s’ils ont manifesté des désagréments compréhensibles du fait de cette nouveauté, ils se sont pleinement impliqués et sont restés dans le partage de leur ressenti.
Le point culminant de la séance a été pour lui le moment où le professeur Maryse Morin et Fabrice ont réalisé une démonstration très pertinente à ses yeux alors qu’ils portaient tous deux un masque de cécité, finissant de le convaincre de l’efficacité de l’aïkido.
A la fin de la séance, les pratiquants ont été sollicités pour savoir ce qu’ils avaient pensé de cette expérience.
Les ressentis étaient plutôt homogènes.
Dans l’ensemble, ils ont trouvé l’expérience perturbante, avec une notion de changement de sensation d’équilibre et des mouvements plus regroupés.
« On est contraint de regarder devant soi et non plus vers le sol. »
Le fait d’être amputé d’une partie de la vue génère une demande de concentration beaucoup plus forte et donc une fatigabilité plus importante et parfois des sensations de nausées.
Il a été dit aussi que le fait de ne pas voir ou mal augmentait le ressenti de notre environnement, des présences environnantes et plus d’attention aux sons qui nous entourent.
De même, pour ceux qui ont essayé les masques de cécité, ils ont remonté que c’était moins perturbant, dans le cadre de l’aïkido, de ne rien voir que d’avoir un résidu visuel qui demande malgré tout plus de concentration car on se raccroche à ce peu de vision qui reste. Il s’agit bien sûr d’une réflexion sur l’expérience immersive du jour, et non pas pour un vécu au quotidien.
On se rend compte à quel point la vision est prégnante, on s’appuie beaucoup voire exclusivement dessus et de ce fait on fait moins confiance à nos autres sens.
Le fait de ne pas voir, ou peu, nous fait nous recentrer sur nous-même et nos ressentis intérieurs et de se concentrer plus sur les gestes à faire.
Cette expérience d’immersion dans le handicap visuel a été très bien reçue par l’ensemble des participants. Déjà tentée l’année dernière, et bien perçue aussi, elle sera sans nul doute à répéter.
Le gouvernement met en place une plateforme intitulée Mon parcours handicap qui s'adresse :
- aux personnes en situation de handicap,
- aux proches aidants qui ont un enfant, un parent ou un conjoint en situation de handicap et qui ont besoin d'information pour les aider et agir,
- aux professionnels (employeurs, enseignants, professionnels de la santé ou en charge de l'accompagnement des personnes...) comme outil d'information et de médiation.
Actuellement les rubriques suivantes sont disponibles : droits, aides et démarches, scolarité, études supérieures, emploi et vie professionnelle, formation professionnelle, formation en alternance.
La plateforme s'intitule www.monparcourshandicap.gouv.fr
Article mis en ligne en Octobre 2022
La FFAB est engagée dans une démarche d’accueil et d’accompagnement des personnes en situation de handicap qui souhaitent s’inscrire au cursus de formation CQP.
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La CHF recense les clubs FFAB qui accueillent des handicapés pour les positionner sur un fichier FFAB. Si c’est votre cas, envoyez à la fédération l’information.
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