Petit compte-rendu (perso) sur le stage seniors à Bras de juin 2016
« C'est dommage que tu ne sois pas là », dit F. à une de ses copines au téléphone avec l'accent du midi. « C'est super, Monette est géniale, elle nous apprend plein de trucs. Réserve les dates pour l'année prochaine, c'est du mardi 22 au dimanche 27 août 2017, il faut absolument que tu viennes ! ».
Sacrée Monette ! On n'est pas là dans un stage pour apprendre des techniques nouvelles, mais plutôt pour ressentir ce qu'on fait, et c'est vrai pour les deux partenaires, nous dit-elle. Dans tous ses cours, mais particulièrement lors des stages, ses 2 mots préférés sont :« ressentez », puis « ressentez ». Je rajouterais deux autres mots : respirez ! respirez !
Il est toujours bon, formateur, de pratiquer, au moins de temps en temps, avec un autre enseignant. On aborde en effet la pratique de l'aïkido par une autre approche, par d'autres chemins pour arriver à ressentir et réaliser tel ou tel déplacement, telle ou telle technique : « jusqu'alors je n'arrivais pas bien, et là, ce détail jamais encore testé fait tout changer ».
Le lieu est suberbe. Celui qui ne connaît pas le super dojo de Bras n'a rien vu : beau, sobre, on s'y sent bien.
La convivialité de ces stages est très agréable. Le groupe est particulièrement sympa, de provenances différentes : Bourgogne, Savoie, Béziers. Les franches rigolades, je ne peux pas les compter, il y en a en permanence. Il se trouve qu'il y a à peu près autant de femmes que d'hommes, et ceci crée un bel équilibre et une belle harmonie. C'est un plaisir de travailler.
Les repas sont bons et bien choisis. La faim ou même la petite fringale ? Connais pas. La soif ? Connais pas non plus... grâce en particulier au petit rosé local bien frais. En Provence une journée sans rosé serait une journée noire ! Mais ici il y a de la couleur tous les jours.
Il y a même de l'eau ! C'est vrai, de l'eau il y en a en abondance dans la nature environnante, bien qu'on soit dans le Var. Et c'est de l'eau vivante, elle coule dans les ruisseaux et les cascades. On la voit, on l'entend, elle rafraîchit à distance.
Bon, allez, je résume : je reviendrai l'an prochain.
Alain
L'aikido : une philosophie pour vieux !
<< Qu'est-ce que la vieillesse ? C'est d'abord perdre la curiosité »>, a dit François Mitterrand.
Je suis vieux ; j'assume. Comme le dit la sagesse populaire : « On ne peut pas être et avoir été >>. C'est donc la curiosité qui m'a conduit à l'aïkido. J’avais envie de savoir ce que c'est ! Tout simplement. Ont beaucoup aidé ma fascination de longue date pour le Japon et surtout la passion pour le moins communicative de ceux qui sont devenus mes maîtres en la matière, le DocteurAubry et son épouse qui nous enseignent avec maîtrise, compétence, douceur et humour cet art difficile et de longue haleine.
Premier enseignement : la patience. << Ars longa, vita brevis >>, dit un aphorisme latin, reprenant la pensée grecque d’un confrère du Docteur Aubry, Hippocrate, (qui ne pratiquait pas l'aïkido, certes, mais qui, comme son collègue actuel de Besançon, savait ce qu'il disait) : << L'art est long, la vie est brève ».
Quand on est vieux, on ne s'attend pas à devenir ceinture noire en 15 jours ! Eh oui, la vieillesse, c'est aussi la sagesse ! Alors, on essaie de comprendre ; et puis on répète inlassablement les gestes. C'est dur, mais jouissif. Et ceci explique peut-être cela. (Vieux mâso, va !) De toutes façons, de la patience, je n'en aurai jamais autant que mes délicieux maîtres, qui répètent, expliquent, congratulent (hypocrites, allez, mais ça fait quand même du bien!) sans jamais se lasser!
Quelque part, l'aïkido est une philosophie mise en pratique et comme toute vraie philosophie, elle se garde bien d'être éthérée et de négliger le corps. Parce qu'il est là et bien las, le corps des vieux que nous sommes ! Et il regimbe, il se cabre, il proteste, comme un vieux canasson rétif, Mais petit à petit, il s'apprivoise. On se redécouvre des souplesses d'antan. On s'en invente même - ô merveille! - d'insoupçonnées :" - Tiens ? J'avais donc des muscles, 1à ?". Lentement, on chemine ; On progresse.
Parfois des impatiences d'une jeunesse perdue font qu'on se désespère de ne pas savoir faire, et de ne pas pouvoir apprendre plus vite. Mais l'aïkido est aussi une école de courage et d'endurance. (Patience, vieille canaille !). Au bout d'un certain temps, on s'aperçoit que le léger mal de dos qu'on ressentait le matin au réveil, qui retentissait dans ses os comme un subtil tintement de glas, annonciateur des vieux jours et, plus loin encore, de la déclivité de la pente qui nous conduit tous à la porte qui se trouve au fond du couloir et qui un jour se refermera pour toujours, que ce petit mal de dos, donc, a disparu. On n'en est pas à sauter dans son slip à pieds joints comme on le faisait à dix-sept ans, mais, bon, on se sent diablement mieux et plus maître de son corps. Le Docteur Aubry n'est pas médecin pour rien !
Le dojo est aussi un avatar de la palestre antique. On s'y exerce le corps et on s'y réjouit l'âme. On y rencontre des gens que, très vite, on aime bien. On n'a pas de complexe : de toutes façons, on est tous des vieux ! On relativise, donc. (Encore de la philosophie, ou plutôt une philosophie). Et ce faisant, on est tout à fait dans l'esprit , dans la philosophie, dirai-je - de l'aïkido, qui, contrairement à d'autres sports de combat, ignore totalement la notion de compétition. On s'encourage, on plaisante, on se moque gentiment les uns des autres. Et tout cela crée une ambiance fort conviviale qui fait qu'on attend avec plaisir et impatience le cours du mercredi après-midi.
Pour conclure, je n'aurai qu'un seul mot : « Vieux, devenez philosophes ( de toutes façons vous n'avez pas le choix) : faites de l'aikido I »
Les Vieux du Tatami d'Ecole-Valentin - section Aikido seniors.
Article en ligne sur la page du journal Le Reveil de Neufchatel
Au dojo de Neufchâtel, Georges est une légende. A 79 ans, il pratique l'aïkido et vient de recevoir son Hakama, un pantalon noir symbolisant les sept vertus du samouraï. Rencontre avec un sage...
Le stage était animé par René TROGNON, CEN, shihan, 7e Dan et Yves SPENLE, 4e Dan
Les 7 et 8 mars les pratiquants seniors se sont retrouvés à IRIGNY pour partager leur recherche sur le relâchement, la non utilisation de la force, la circulation de l’énergie.
Très bon accueil du club d’Irigny et ambiance à la fois studieuse et chaleureuse sur le tatami.
17 clubs étaient représentés répartis sur 7 ligues.
L'aïkido ? Kezako ? (non, kezako n'est pas un mot japonais, ni a fortiori une technique). Il y a quelques années j'aurais eu bien du mal à différentier l'aïkido des autres arts martiaux japonais.
Moi, un petit vieux maigrichon, avec juste assez de musculature pour monter les escaliers ou randonner, mais sûrement pas pour déménager un guéridon, je pourrais mettre à terre un grand costaud ? Allez donc ! Eh bien si.
Il me semble d'ailleurs qu'il est plus facile (façon de parler) de trouver les bons gestes lorsqu'on ne peut pas se servir de sa force : on est obligé de chercher, ressentir et trouver le détail qui fait tout. Et on peut alors faire remarquer à notre partenaire costaud qu'il lui faut se relâcher et ne pas se servir de sa propre force... Alors quand on cumule « peu costaud » et senior, vous voyez qu'on a un grand avantage pour l'aïkido !
Il y a quelques années (j'avais 62 ans) je cherchais un sport « martial ». J'ai essayé le kung-fu. Il n'y avait que des jeunes, voire des ados, et effectivement c'était martial ! Pas fait pour moi ! J'ai testé l'aïkido... et j'y suis resté. Je fais même des stages chaque année, qui sont toujours très conviviaux. Et puis, il y a des femmes aussi dans notre petit monde de l'aïkido pour seniors. L'atmosphère en est encore plus agréable.
Je ne cherche pas un moyen de me défendre d'une attaque dans la rue, j'en serais incapable. Je ne cherche pas non plus une ceinture noire avec un dan. Mais plutôt à acquérir et conserver une souplesse du corps, de l'ensemble du corps (et non la force du seul biceps comme dans les salles de sport...). Les échauffements et assouplissements, respiration comprise, me vont bien. Les chutes !
Qu'y a-t-il de mieux pour tester les progrès de notre assouplissement général ?
L'aïkido n'est pas le judo ni le karaté : je ne débuterais pas de tels sports à mon âge, ayant trop peur de me « casser ». Existe-t-il des sections « seniors » en karaté ? Impossible. L'aïkido, grâce, entre autre, au respect mutuel de ses pratiquants, est tout à fait accessible à des seniors débutants.
Ce qui me plaît aussi, c'est qu'il n'y a pas de lutte, de compétition entre nous. Vous me direz qu'on a passé l'âge... Oh pas toujours ! Bien au contraire il y a généralement de l'entre-aide, des conseils des plus anciens envers les moins expérimentés au cours de chaque exercice.
Il en faut de la patience à Monette, notre professeure, pour nous répéter, répéter encore (bis), reprendre les techniques, même souvent les plus simples. Il est certain que la principale qualité d'un professeur d'aïkido face à des seniors, c'est la patience, la patience, la patience, la tolérance, la persévérance... Eh oui, je désespère parfois de ne pas avancer, ne pas retenir ceci ou cela... mais je n'ai plus … ans (compléter les pointillés selon votre vision des choses). Mais je suis fidèle aux cours ! Et mon corps me dit merci pour avoir amélioré ma souplesse et ma confiance en moi en particulier dans les mouvements de tous les jours.
Un autre aspect aussi est important à mes yeux dans cet art martial : le lien du corps et de l'esprit, et avec la Nature, la Terre et le Ciel. Je retrouve par exemple certains enseignements du yoga et autres disciplines de ce genre. Je ressens souvent ce lien même si, à mon niveau, il n'est pas immédiat.
J'adhère tout à fait aux paroles des Maîtres que j'ai pu lire, Tamura et le fondateur (pour les actes c'est autre chose!).
Merci à Monette, aux professeurs des stages auxquels j'ai participé (René, Jean-Paul...), aux autres enseignants (Daniel...), merci à mes partenaires et ami(e)s.
Alain Chabenat
Chalon sur Saône