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INTERVIEWS
Interview de MIYAMOTO Tsuruzo Shihan parue dans DRAGON N° 12

 Interview de MIYAMOTO Tsuruzo Shihan, invité par la FFAB en France

réalisée à Bras le 26 mars 2014 par François FREY pour Dragon.

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Dragon : Quand avez-vous commencé l’aïkido ?

MT : En 1971, lors de ma première année d’université.

Dragon : Pourquoi avez-vous choisi l’aïkido ?

MT : C’est une très bonne question… Je suis né à Fukuoka, la plus grande ville de l’île de Kyushu située au nord. Dans cette région, il y a beaucoup de dojos de judo, de kendo, de karatedo, mais surtout le judo que j’avais pratiqué quand j’étais lycéen. Sur cette île, il y a une forte concentration de pratiquants. Depuis tout petit, j’ai toujours vu les pratiquants de Kendo, Karaté do dans une salle près de chez moi. Ces trois arts martiaux sont surtout ceux que nous pratiquons quand nous sommes beaucoup plus jeunes. Dès que j’ai eu 18 ans, et que je suis entré à l’université, j’ai réfléchi quel était  l’art martial que je souhaitais pratiquer et j’ai opté pour l’aïkido.

Dragon : Quand vous avez découvert l’aïkido, qu’est-ce qui vous a donné envie de continuer?

MT : À l’Age de 18 ans je me suis mis à la recherche d’un dojo d’aïkido. Je l’ai trouvé par une annonce dans le journal. Je m’y suis rendu et j’ai découvert mon professeur qui s’appelait  Suganuma sensei il avait été envoyé par l’AÏKIKAÏ de Tokyo dans l’île de Kyushu pour enseigner l’aïkido. Suganuma sensei  avait été un élève de Tamura Sensei quand il était étudiant. J’ai suivi l’enseignement de Suganuma Sensei pendant quatre ans. J’ai continué l’aïkido car j’appréciais énormément l’enseignement de mon professeur et sa personnalité. J’avais envie de lui ressembler. J’étais autant attiré par sa personne, que par l’aïkido. Grâce à Suganuma sensei, je suis entré à l’Aïkikaï de Tokyo où j’ai suivi l’enseignement de Kisshômaru Ueshiba sensei. On apprend beaucoup de nos parents, mais aussi j’ai beaucoup appris de Suganuma Sensei.

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Dragon : Qui était plus précisément votre professeur, pouvez-vous nous parler de lui ?

MT : J’ai suivi d’abord l’enseignement de Suganuma Sensei, puis de Kisshômaru Ueshiba sensei. Il se mettait souvent en colère. Il m’a énormément grondé, il ressemblait plus à un intellectuel, qu’à un budoka. Mais il était aussi très attentionné avec ses élèves. A l’époque, il n’y avait pas beaucoup de pratiquants et il insistait auprès de ses élèves pour qu’ils persévèrent. L’aïkido n’était pas très connu et il devait faire de grands efforts sur le suivi de sa pratique avec ses élèves. Il a fait plusieurs séminaires et conférences dans différents domaines, surtout la médecine et l’aïkido.

Dragon : Aujourd’hui où enseignez-vous, à Tokyo ?

MT : Je suis retraité depuis avril 2013, plutôt semi retraité, mais bien sûr je continue à donner des cours à l’Aïkikaï, et aussi dans différents dojos affiliés à l’Aïkikaï, et également à l’université et dans des entreprises. Je donne principalement des cours pour les adultes.

Dragon : Quand êtes vous venu en France pour la première fois ?

MT : Il y a vingt ans, il y avait à Nice, un échange culturel avec l’Europe et je faisais partie d’une délégation culturelle japonaise au sein de laquelle il y avait aussi des représentants du monde des arts martiaux.

Dragon : Nous sommes aujourd’hui à Bras dans le Var, à l’ENA (l’école nationale d’aïkido de la FFAB) qui a été crée par Maître Tamura, pouvez vous nous parler de Maître Tamura ?

MT : En 1964 Maître Tamura est arrivé en France. Je le rencontrai à chaque fois qu’il venait au Japon. Il venait souvent à l’Aïkikaï, au Hombu dojo et participait au cours comme un pratiquant ordinaire. Il avait une grande réputation.

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Dragon : Comment est-il considéré aujourd’hui au Japon ?

MT : Tamura sensei était un uchi-deshi de Ö Sensei. Il a accompagné dans leurs déplacements à travers le monde Ö Sensei et Kisshômaru Ueshiba sensei. Il était et demeure un homme très important pour l’aïkido. Il est devenu un personnage légendaire.

Dragon : Y-t-il une différence entre l’aïkido en France et l’aïkido au Japon ? Sentez-vous une différence ?

MT : C’est difficile de répondre à cette question…

L’aïkido ne fait pas parti de la culture française, mais pourtant il y a beaucoup de pratiquants en France et je trouve que c’est super. Les japonais ont le sentiment qu’ils connaissent l’aïkido, le judo, le kendo, le karatedo parce que cela fait partie de leur culture, et donc ils pensent qu’ils sont capables, qu’ils pratiquent bien. Mais penser qu’on sait faire quelque chose et le faire correctement, ce sont deux choses différentes. Les étrangers ne pensent pas qu’ils savent déjà, ils essayent de pratiquer, tout simplement, donc je me demande s’ils ne pratiquent pas plus sincèrement que les japonais. Les japonais pensent ou disent « je sais » « je sais », mais savoir et pouvoir c’est différent. Pour les étrangers, l’aïkido n’a rien d’évident, donc ils font de leur mieux quand ils pratiquent.

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Dragon : Et entre les pratiquants français et les pratiquants japonais ?

MT : Pour moi, c’est pareil n’importe où Il n’y a pas de différence. Si ce n’est peut être une différence liée à l’époque. Avant, on apprenait en regardant, maintenant, il y a des explications.

Dragon : Comment l’aïkido a-t-il évolué ?

MT : Une des caractéristiques de l’aïkido c’est qu’il n’y a pas de compétition. On pratique des katas. La pratique du budo au Japon c’est une pratique de katas. Si on considère le karatedo en l’année trente de l’Ere Showa (1950), c’était juste un entraînement à base de katas mais à partir des années cinquante, les différentes écoles se sont mises d’accord pour organiser des compétitions. Par contre en Aikido, je pense qu’on ne passera pas à la compétition.

Dragon : Entre les différentes écoles d’aïkido, on voit différentes formes, y-a-t-il plusieurs aïkido ?

MT : Par exemple si on regarde le Yoshinkan, ou bien Tohei sensei, c’étaient des disciples de O Sensei. La plupart des styles issus des disciples de Morihei Ueshiba (Yoshinkan, Tomoki-Ryu, Iwama-Ryu etc…) ne font pas de compétition, ils basent leur pratique sur le Kata. Donc c’est ça le socle commun des différents styles d’aïkido.

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Dragon : Donc, finalement, qu’est-ce que O sensei a voulu nous transmettre, quel est son message, que reste-t-il de son enseignement ?

Il y a trois choses auxquelles il accordait une grande importance : la première, Keiko (l’entraînement). La deuxième, Shinko (une pensée/philosophie qui vient de l’omotokyo ; différent du bouddhisme). La troisième Nôgyô (l’agriculture). Je pense que c’est à partir de ces trois éléments qu’il a développé l’aïkido.

Dragon : En tant que Shihan de l’Aïkikaï, est-ce que vous pouvez parler de votre recherche/pratique personnelle en aïkido?

D’abord, la technique (rires). J’essaye d’approfondir la technique.

Dragon : Dans le monde des budo, on parle de SHU HA RI, qu’est-ce que cela représente pour les pratiquants d’aïkido ?

SHU 守 c’est mamoru (protéger).  Ha 破 c’est nukedasu (enlever), Ri 離c’est hanareru (s’éloigner ; se détacher complètement).

Même quand on accomplit de grandes choses, que ce soit dans le monde des arts martiaux, ou dans la culture, nous les japonais, en général, on s’arrête au SHU. Ca finit au SHU, presque tout le temps.

Nous, on n’a pas connu O Senseï, on n’a accès qu’à quelques films, des photos… on n’a pas reçu de transmission directe. Donc, ce principe (du SHU HA RI) dans son ensemble nous est difficilement accessible.

Dragon : Donc il faut avoir pratiqué avec O Sensei pour accéder au SHU HA RI ?

M.T : Effectivement, les personnes qui ont pratiqué avec O Senseï on plus de chance de comprendre ce que c’est.

Dragon : Ici, à la FFAB, il y a eu des stages autour du thème Aïte/ Tori, même pratique, qu’en pensez-vous ?

M.T : Quand on pratique un budo, on répète toujours la même chose, c’est le principe du Kata. Pourtant, ça change tout le temps, en fonction des personnes, bien sûr, de leur taille, etc ; il y a une multitude de possibilités, mais même avec la même personne, d’un jour à l’autre, la relation est différente, changeante. Avoir conscience de ces changements dans la relation à l’autre est très important. A partir de là, on ne se lasse jamais de la pratique.

Dragon : En Aikido, on utilise les armes (BoKen, Jo,Tanto). Quelle est l’importance de la pratique des armes en Aïkido ?

M.T. Il y a trois choses. Ca oblige à se concentrer parce que le boken ou le tanto, ça arrive vite. Donc ça permet d’aiguiser le regard de perfectionner l’attention. Et donc, ça sert à mesurer le Ma ai. Ensuite, le timing. C’est principalement pour ces raisons qu’on utilise les armes je pense.

Dragon : En Aikido, comme dans tous les arts japonais, il y a une étiquette (Reishiki). Quelle est son importance dans la pratique de l’Aïkido ?

M.T. Dans la pratique du budo, mais en fait dans toute pratique, si on n’a pas de partenaire, on ne peut pas s’entraîner. Il y a trois saluts (Rei) : celui pour O Sensei, celui pour le professeur (Shidosha), et celui pour le partenaire (Aïte).

Dragon : Que vous apporte l’aïkido aujourd’hui ?

M.T. Une des premières choses c’est qu’on peut rencontrer toutes sortes de gens, de toutes classes sociales. Sur le tatami tout le monde est sur un pied d’égalité.

Dragon : Quel conseil donneriez vous à un jeune pratiquant ?

M.T. :L’aïkido est un bon Budo. Continuez à pratiquer ! Renforcez votre corps et ensuite pratiquez en souplesse. Un autre aspect intéressant, c’est qu’on apprend à utiliser autant la partie droite que la partie gauche du corps.

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