Septembre 2019
La Commission Nationale Féminine remercie chaleureusement
• Les référente(s) et les CRF qui ont mis en place cette enquête au sein de leur territoire,
• Les CRF de Flandres-Artois, Picardie, Normandie, Bretagne et Pays de la Loire qui ont participé activement à la création des outils de cette enquête,
• Maya Leclercq, référente de la CRF Flandres-Artois et Socio-anthropologue qui a suivi et accompagné ce projet dès le début de sa création jusqu’à cette synthèse,
• Les président(e)s de Ligues, de CID, pour leur soutien dans la mise en place de cette action,
• Les pratiquantes qui ont pris le temps de répondre au questionnaire
PRÉAMBULE :
La CNF a proposé aux CRF volontaires de mettre en place au sein de leur Ligue une enquête à destination des pratiquantes.
OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE :
1. Disposer de données permettant de mieux connaître le public féminin et mettre ainsi en place des actions adaptées pour développer le nombre de pratiquantes,
2. Améliorer la visibilité des CRF au sein des (anciennes) Ligues,
3. Créer une dynamique au sein des CRF, entre la CNF et les CRF et entre pratiquantes,
4. Mobiliser des pratiquant(e)s, développer leur motivation et leur engagement
I – PARTICIPATION DES CRF A L’ENQUÊTE
Sur les 25 Commissions Régionales Féminine (CRF) de la FFAB, 22 d’entre elles ont répondu favorablement pour mettre en place cette enquête au sein de leur (ancienne) Ligue* et 3 d’entre elles n’ont pas souhaité mettre en place cette enquête, ou n’ont pas répondu à la sollicitation de la CNF.
Sur les 22 CRF qui ont répondu favorablement, 19 d’entre elles ont réalisé cette enquête et nous ont renvoyé leurs données.
* Les CRF et leur référentes, qui ont été mises en place il y a plus de 4 ans de cela, sont réparties selon le modèles des anciennes ligues, celles d’avant la réforme territoriale. Il existe ainsi 20 CRF métropolitaines et 4 CRF ultra-marines.
II – RETOURS DES PRATIQUANTES SUR L’ENQUÊTE
Sur la plupart des enquêtes réalisées le taux de participation est souvent moins de 5%. Ici nous avons un taux de participation de 13%, ce qui permet d’obtenir des données assez fiables.
Sur les 19 Ligues ayant mis en place cette enquête 502 pratiquantes ont répondu à l’enquête sur environ 3 293 pratiquantes recensées dans ces 19 ligues en 2016-2017.
Les données qui vont suivre ont donc été établies sur l’ensemble des pratiquantes de 18 Ligues (la CRF de Dauphiné Savoie a mené l’enquête nous a envoyé ses résultats mais pas dans le tableau Excel ce qui ne nous a malheureusement pas permis d’utiliser ces données).
III – RETOURS DES ENQUETES
L’âge des femmes ayant participé à l’enquête va de 9 ans à 78 ans la moyenne d’âge étant de 43 ans et la médiane 38 ans.
1- Nombre d’années de pratique :
La répartition du nombre d’années de pratique entre les pratiquantes est assez homogène.
Le tableau ci-dessous présentent la corrélation entre le nombre d’années de pratique et l’âge des pratiquantes.
2- Interruption dans la pratique :
Sur les 501 pratiquantes qui ont répondu à cette question, plus de la moitié d’entre elles (environ 320 pratiquantes) n’a pas eu d’interruption dans leur pratique.
On constate que plus le nombre d’année d’interruption est important et plus le nombre de pratiquantes diminue.
On peut ainsi constater que les interruptions répétées amènent un découragement à la reprise de la pratique.
Les motifs d’interruption que le plus important est la grossesse avec 19%, vient ensuite, avec pour 12% d’entre elles, des raisons liées à l’intensité de la vie professionnelle et des raisons médicales, blessures (hors pratique).
Les autres raisons évoquées sont assez homogènes.
3- Grades et diplômes d’enseignement des pratiquantes :
17% des 502 pratiquantes disposent (soit 85 enseignantes) d’un diplôme d’enseignement et 83% d’entre elles n’ont aucun diplôme d’enseignement.
Pour les pratiquantes qui détiennent un diplôme d’enseignement, 53% d’entre elles ont le brevet fédéral, 16% le Brevet d’initiateur fédéral, 12% ont le Diplôme d’Enseignement et le Brevet d’État et 7% ont un autre diplôme d’enseignement.
On constate ainsi que les pratiquantes qui enseignent l’aïkido sont essentiellement celles qui ont au moins 5 ans de pratique. Mais celles qui sont le plus représentées sont les pratiquantes qui ont plus de 20 ans de pratique et celles qui ont entre 10 et 20 ans de pratique. On peut identifier que plus les pratiquantes sont investies sur du long terme dans la pratique de l’aïkido et plus elles s’investissent dans l’enseignement de cette discipline.
On constate également que ce sont les plus gradées qui enseignent le plus.
Pour les pratiquantes qui enseignent l’aïkido, on constate qu’elles enseignent de manière assez homogène à 3 « types » de pratiquants.
4- Investissement des pratiquantes dans les instances dirigeantes :
L’investissement des pratiquantes dans les instances administratives se matérialise pour plus de la moitié d’entre elles par une implication dans les clubs.
Environ 27% des pratiquantes s’investissent dans au moins 2 instances (club, Ligue et fédération).
Enfin, 6% sont investies dans leur Ligue et 1 personne et investie au sein de la fédération.
5- Fréquence de pratique en clubs et en stage des pratiquantes :
Si on compare le nombre d’années de pratique avec la fréquentation des pratiquantes aux entraînements dans les clubs, on constate que les pratiquantes qui s’entraînent le plus sont celles qui ont entre 10 et 20 ans de pratique.
Toutefois, il est intéressant de remarquer que la répartition est au final assez homogène et ainsi que le nombre d’année de pratique n’est pas forcément un facteur important intervenant dans le nombre d’entraînement chez les pratiquantes.
Voici le tableau résumant la fréquentation des pratiquantes aux entraînements en fonction de leur ancienneté :
Une minorité de pratiquante font un stage par mois.
Pour le reste, les effectifs se répartissent de façon assez homogène entre les pratiquantes qui ne font aucun stage et celles qui en font 3 à 5 stages par an.
Les effectifs diminuant au plus la fréquence de stage est importante.
Si on compare le nombre d’années de pratique et la fréquentation aux stages on remarque que les pratiquantes qui ont peu d’année de pratique vont très peu au stage.
Voici la répartition de la fréquentation des pratiquantes aux stages en fonction de leur ancienneté dans la pratique :
6- Les motivations des pratiquantes dans la pratique de l’aïkido :
Nous avons demandé aux pratiquantes pour quelle(s) raison(s) elles avaient souhaité commencer la pratique de l’aïkido.
479 pratiquantes sur 502 ont répondu à cette question.
Les pratiquantes pouvaient choisir une à 3 réponses.
Il ressort clairement 3 raisons principales pour lesquelles les pratiquantes ont commencé la pratique de l’aïkido.
Nous leur avons ensuite demandé pour quelle(s) raison(s) elles continuent la pratique de l’aïkido.
Les 4 raisons qui ressortent le plus sont les suivantes :
- L’état d’esprit (27%),
- La convivialité (19%),
- L’absence de compétition (17%),
- Le côté martial / défense (16%)
On constate donc que les pratiquantes, pour une grande majorité, commencent l’aïkido pour 3 raisons principales.
Elles continuent de pratiquer pour 3 de ces mêmes raisons.
Ce qui peut vouloir dire que les pratiquantes ont trouvé au sein de leur club ce qu’elles cherchaient, avec un facteur non moins important qui les font rester : la convivialité.
Puis nous leur avons demandé ce qui pourrait devenir un frein ou ce qui pourrait leur faire arrêter l’Aïkido.
Sur les 502 pratiquantes 492 d’entre elles ont répondu à cette question.
On peut voir 2 raisons qui se détachent des autres :
- La raison médical/blessure (lié à la pratique) 25%,
- Et la raison médical/blessure (hors pratique) 18%.
Une troisième réponse se détache également des autres c’est la mauvaise ambiance dans le club (15%).
7- Autres données :
Nous avons également demandé aux pratiquantes si selon elles la représentation des femmes dans leur club leur semblait satisfaisante ou non. 498 sur 502 pratiquantes ont répondu à cette question.
Cette question permet, non pas d’avoir une donnée objective sur le nombre de pratiquantes dans les clubs, mais bien de connaître le ressenti, la perception des pratiquantes.
Nous avons également demandé aux pratiquantes si elles avaient des idées sur ce qui pourrait faire évoluer la présence des femmes sur les tatamis. Cette question laissait place à une réponse libre. Voici ce qui s’en dégage de façon synthétique :
Communication
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1- Communiquer pour une meilleure connaissance de l'aïkido (sur la place des femmes, la non violence, montrer l’utilité de cet art, l’état d'esprit de cette discipline, la défense, entretien du corps, de la santé, condition physique qui reste bonne malgré l'âge, développement de la confiance en soi, de la souplesse, diminution des effets de stress et de fatigue)
2- Laisser des flyers dans les salles d'attente de kiné, pédiatre, crèches, sages femmes,
3- Que les femmes participent aux démonstrations (sans chutes trop spectaculaires), forum, portes ouvertes… proposer des démonstrations dans les écoles d'infirmière, d’ostéopathie (lien corps et aïkido),
4- Voir des femmes sur les supports de communication
5- Ne pas « genrer » la pratique dans la communication.
6- Donner la parole aux pratiquantes (journée des femmes, articles, reportage, TV, journaux locaux, magazines féminins…)
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Enseignantes
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1- Qu'il y ait plus d'enseignantes, de pratiquantes de haut grade, de modèles, multiplication des "modèles" féminins sur le tatami, plus de femmes qui animent des stages,
2- Plus de pratique aux armes,
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Tarifs
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1- Proposer des tarifs différents pour les femmes
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Cours/Enseignants
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1- Cours centrés sur la self défense,
2- Attention du professeur portée sur tous les pratiquants,
3- Travail en souplesse sans force,
4- Attention à l'intégrité physique des pratiquantes
5- Attention particulière pour la formation des femmes enseignantes,
6- Attraction des cours par le professeur et le contenu du cours,
7- Cours dédiés uniquement pour les femmes,
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Clubs
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1- Bonne intégration et accueil des femmes dans les clubs,
2- Accompagnement des nouvelles pratiquantes (chutes…),
3- Que les hommes donnent moins de conseils aux femmes,
4- Que les hommes soient moins violents notamment dans la projection (les femmes sont plus légères), moins de brutalité, saisies moins fortes, comportements moins paternalistes,
4- Que les hommes arrêtent de bloquer les femmes,
5- Convivialité dans les clubs,
6- Le combat des égo amène une mauvaise ambiance dans les clubs,
7- État d'esprit, bienveillance,
8- Information sur la prévention des blessures,
9- Garder le lien avec les pratiquantes,
10- Voir des femmes sur les tatamis,
11- Développer des liens d’amitiés notamment avec les femmes qui viennent essayer ou découvrir l’aïkido,
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Créneaux
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1- Plus de créneaux et de cours,
2- Créneaux plus courts, adapter les créneaux aux vies familiales
3- Cours enfants et femmes en même temps,
4- Proposer des gardes pour enfants,
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Dirigeantes
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1- Plus de femmes dirigeantes,
2- Proposer aux femmes de s'investir davantage dans la vie du club afin qu'elles soient les meilleures ambassadrices et qu'elles se sentent valorisées, dans toutes les fonctions,
3- Accorder une attention particulière aux plus jeunes.
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Découvertes
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1- Proposer des cours d'essai,
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Mentalité
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1- Changement de mentalité de notre société,
2- Les hommes peuvent garder les enfants
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Cette enquête a été faite sur un panel de 502 pratiquantes. Elle nous a permis de recueillir des informations sur ces dernières et ainsi de mieux les connaître.
Si nous faisons un bilan de ces réponses, c’est-à-dire un bilan sur les 19 (anciennes) ligues qui ont participé à l’enquête, on peut commencer à détacher des idées et des actions à mettre en place pour amener plus de pratiquantes à l’aïkido mais également pour faire en sorte qu’elles restent.
Les pistes d’actions que nous allons énumérer sont des actions qui pourront très certainement jouer en faveur d’un public masculin. Car il est fort probable, qu’une partie de ce qui ressort de cette enquête, réponde également aux besoins des pratiquants.
PISTES D’ACTIONS PROPOSÉES POUR AMENER PLUS DE PRATIQUANTES A PRATIQUER L’AÏKIDO
Pour faire connaître l’aïkido, il va sans dire que la communication est incontournable. Au vu des retours de cette enquête, et afin d’attirer un public également féminin, il ressort que la communication devra porter un certain nombre de messages et que ces messages devront être portés aussi par un public féminin. Si on veut attirer des femmes à l’aïkido, il faut que l’on puisse voir des femmes pratiquer sur les tatamis, il faut qu’on puisse voir des pratiquantes de haut-grade et des enseignantes.
Il sera important que ces messages soient également portés par des femmes, que les pratiquantes soient visibles du grand public au même titre que les pratiquants. Cette visibilité des pratiquantes devra se matérialiser aussi bien sur les supports de communication (flyers, affiches, internet, photos…) que lors des démonstrations présentées, les forums, salons...
Il ressort également de cette enquête que la convivialité est un facteur déterminant. Lors des échanges avec le grand public (foire des associations, démonstrations, divers événements…) il sera donc important de proposer un accueil et des échanges de qualité avec le grand public. Ces échanges devront être faits par les pratiquants et les pratiquantes
PISTES D’ACTIONS PROPOSÉES POUR AMENER PLUS DE PRATIQUANTES A RESTER A L’AÏKIDO
Les pistes d’actions qui sont proposées ici pour favoriser l’investissement des pratiquantes dans l’aïkido sur le long terme reposent essentiellement sur le rôle des enseignant(e)s mais aussi des pratiquant(e)s dans les clubs. En effet, leur rôle est essentiel. L’esprit du Budo (sempai/ kohai, bienveillance, humilité…) doit être présent et doit se retrouver chez tous les enseignants d’aïkido et c’est ce qui doit être également recherché chez tous les pratiquant(e)s d’aïkido.
Ce travail qui s’appuie sur le rôle déterminant des enseignants peut trouver toute sa place dans les formations des cadres et des enseignants. Car la qualité de l’accueil et la qualité de l’ambiance amenée par les enseignants est aussi important et fait tout autant parti du rôle des enseignant(e)s que de dispenser un cours de qualité (qualité technique et pédagogique).
Voici quelques pistes de réflexions certaines d’entre elles peuvent s’appuyer sur de la discrimination positive, à savoir favoriser les pratiquantes de façon temporaire, en vue de rétablir l'égalité des chances :
♦ Créer une ambiance de convivialité dans les clubs, ambiance qui est apportée à la fois par l’enseignant mais aussi par les pratiquants. L’enseignant pourra porter une attention particulière à l’ambiance de son club et faire en sorte qu’elle soit empreinte de bienveillance, d’accueil et d’humilité.
♦ Proposer un accueil de qualité aux nouvelles/nouveaux pratiquant(e)s, accueil fait par l’enseignant(e) mais aussi par les pratiquante(s),
♦ Proposer également un accompagnement des nouvelles pratiquantes pour éviter qu’elles aient peur de se blesser (chutes…), attention particulière de l’enseignant(e)s mais aussi des pratiquant(e)s,
♦ L’enseignant(e) doit s’occuper autant des pratiquantes que des pratiquants, avec en effet, aucune distinction d’attention pour les hommes ou les femmes,
♦ Investir rapidement les pratiquantes dans les instances dirigeantes, ne pas attendre qu’elles soient gradées ou qu’elles aient 10 ans d’ancienneté. C’est l’engagement notamment dans les clubs qui les engagera davantage dans la pratique,
♦ Proposer dans les clubs, plus de créneaux avec des entraînements plus courts pour permettre une cohabitation avec une vie professionnelle et familiale,
♦ Le professeur pourra être vigilant sur les attitudes de certain(e)s pratiquant(e)s : donneur de conseils et de leçons, qui bloquent les mouvements. Socialement, de nombreux pratiquants peuvent adopter une attitude paternaliste sur le tatami, reprenant plus facilement les femmes que les hommes, et sans forcément s’en rendre compte,
♦ Les enseignants pourront également porter une attention particulière lors des cours sur la régulation, l’utilisation de la force (physique) des tori en fonction du gabarit des Aïte. On ne projette pas un débutant comme on projette un ancien, on ne projette pas une personne de 52 kg comme on projette une personne de 80 kg,
♦ les enseignants devront penser à faire passer des grades aux pratiquantes et ne pas attendre qu’elles aient 20 ans de pratique pour leur faire passer le shodan, être attentif à accompagner autant les pratiquantes que les pratiquants, même si elles expriment moins facilement leur envie de passer des grades ou de devenir enseignante.
La Commission Nationale Féminine
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